Je suis Makhmazarif Saidov, citoyen de la République du Tadjikistan, père de Muhammadjon Saidov de 14 ans, un enfant qui a été enlevé à Dubaï il y a environ un an, pris en otage par les forces de l’ordre du Tadjikistan et est toujours en captivité.

En décembre 2019, j’ai signalé l’enlèvement de mon fils par les forces de l’ordre tadjikes. Ensuite, les autorités de sûreté nationale ont commencé à faire pression sur notre famille pour qu’elle me fasse taire et, comme toujours, ont promis de libérer mon fils si je cessais de protester. Ces forces de l’ordre, en particulier le Comité d’État pour la sûreté nationale, ne sont pas dignes de confiance, mais afin de collecter des documents à déposer auprès des forces de l’ordre, dans une certaine mesure, pour convaincre l’enfant que je suis silencieux, et en raison de l’épidémie du coronavirus, dans lequel toutes les agences étaient en quarantaine, je devais garder le silence.

Cependant, plusieurs juristes ont mené des enquêtes. Un nombre suffisant de matériels et de documents a été reçu, à commencer par des enregistrements audio d’employés du ministère de l’Éducation, en particulier Idigul Avgonova, qui dirige l’école, des enregistrements de conversations avec M. Tojiddin, un employé du bureau du procureur général et de trois autres personnes qui se sont présentées comme Mubin, Shukhrat et Voris. Il existe diverses preuves que ces personnes ont été directement impliquées dans la torture de mon enfant dès le premier jour où mon fils a été enlevé à l’étranger et amené au pays.

En plus de cela, en ces jours et ces nuits, où certaines personnes ont peur de parler aux familles des représentants de l’opposition, je voudrais exprimer ma gratitude à ceux qui ont fait preuve d’héroïsme et de courage et ont collecté des documents importants auprès de toutes les institutions nécessaires. Si Dieu le veut, ces faits seront portés à l’attention des organisations de défense des droits de l’homme et des communautés mondiales dans un proche avenir.

Malheureusement, les forces de l’ordre du Tadjikistan violent toutes les lois humaines et torturent mon fils. Mon fils, Muhammadjon Saidov de 14 ans, est détenu de force dans une école spécialisée fermée, où la plupart des enfants atteints de maladie mentale et difficiles à éduquer! Pendant les vacances et au milieu de l’épidémie de coronavirus, tout le monde dans l’école a été renvoyé chez ses parents, à l’exception de mon fils et de plusieurs de ses pairs, qui, selon les autorités, devraient être là pour trois ans! Par quelle loi mon fils devrait-il y être retenu comme criminel?! Prendre en otage et torturer un mineur en raison des opinions politiques de son père est contraire à toutes les lois internationales et humaines. Mon fils est torturé mentalement et physiquement, ce qui est clairement visible sur la vidéo! Les autorités tadjiks veulent le garder dans ce camp de concentration pendant trois ans jusqu’à ce qu’il
atteigne sa majorité, afin de le transporter ensuite en prison.

Cette même école est subordonnée au ministère de l’Intérieur (bien qu’officiellement elle soit subordonnée au ministère de l’Éducation) et est destinée aux «jeunes délinquants» et aux mineurs des rues qui y sont placés par décision de justice ou sur proposition de leurs parents! Mon fils a un grand désir de connaissance et d’étude et a été frauduleusement placé dans cette école. Sachant que notre famille essayait de trouver une bonne école pour mon fils, l’État et les autorités régionales ont trompé sa mère en disant: «Nous enverrons votre fils au lycée présidentiel», mais l’ont amené dans cette école, qui ne vaut pas mieux qu’une prison. L’école est en mauvais état et l’hygiène est au plus bas. C’est un crime de mettre un enfant dans cette école en trompant sa mère. C’était aussi un crime de falsifier la décision du tribunal de district du 12 novembre 2019 de placer mon fils Muhammadjon dans cette
école, alors que la décision du tribunal a été rendue le 16 avril 2020, six mois après l’enlèvement du garçon. Même sa mère ne sait pas quand et où ce procès a eu lieu. Mais quel crime mon fils a-t-il commis, qui a été enlevé, arrêté comme criminel, immédiatement détenu et emmené dans cette école jusqu’à décision du tribunal?! N’est-ce pas une peine cruelle pour mon enfant innocent?! N’est-ce pas une restriction à la liberté d’un adolescent?!

Du 20 mars 2019 jusqu’à son envoi à l’école, et même en ce moment dans cette école, mon fils est constamment soumis à un grand stress. Des dizaines de fois, mon pauvre fils, qui ne savait rien du monde qui l’entourait, a été emmené au Département des affaires intérieures et, sous une forte pression, il a été filmé, le forçant à faire des déclarations contre mes activités politiques. Mon fils, sa mère et plusieurs de mes proches se sont fait dire à plusieurs reprises que nous avions pris l’enfant en otage à cause des activités de son père. (J’ai une trace de ce qu’ils ont dit).

Moi, Makhmazarif Saidov, en tant que père de cet enfant qui a été soumis à des tortures psychologiques et physiques pendant des mois, je remercie toutes les organisations de défense des droits humains, l’UNICEF, l’ONU, ainsi que ceux qui défendent les droits des enfants; journalistes et personnalités des médias dans le pays et à l’étranger; tous les groupes pertinents et d’opposition; vous tous compatriotes qui, comme moi, êtes pères et avez des enfants, et qui voulez contribuer à la libération de l’enfant, je vous remercie et vous demande de soutenir mon fils, Saidov Muhammadjon. Je suis resté silencieux pendant un long moment et j’avais peur qu’ils mettent à exécution leurs menaces et lui causent encore plus de mal. Mais je ne peux pas garder le silence, car dans ses paroles, dans son appel à ne rien faire, j’entends un appel à l’aide. Je vous demande de vous battre pour lui avec moi jusqu’à ce que mon fils mineur kidnappé soit libéré.

Pétition ici